Les derniers faux espoirs d’un vaccin anti-nicotine

par | 6 Jan 2014

La nicotine, un haptène

Le développement d’un vaccin anti-nicotine pour aider les fumeurs à cesser de fumer du tabac n’avait pas été concluant pendant la décennie 2000 à 2010:

« Le vaccin anti-tabac NicVax échoue lors d’un essai comparatif » publié sur:

http://www.unairneuf.org/2011/07/vaccin-anti-tabac-nicvax-nabi-gsk-echec-essai-comparatif.html

surtout parce que la nicotine n’est pas une molécule provoquant la dépendance malgré toutes les hypothèses émises à ce jour.

Plusieurs sociétés avaient tenté de mettre sur le marché un tel vaccin qui aurait pu être fort lucratif et spécialement le laboratoire Cytos avec l’aide de Novartis (1).

On pouvait se douter de l’inefficacité d’un tel vaccin surtout à la lecture de mes travaux concernant le rôle d’haptène de la nicotine dans des réactions immunologiques d’hypersensibilité.

J’avais décrit spécialement le rôle de la nicotine à l’origine d’un syndrome dermatologique familial ressemblant à la dermite séborrhéique (2).

Aussi, je n’ai pas été surpris des derniers résultats d’une étude concernant un nouveau vaccin anti-nicotine pour cesser de fumer :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=niicine

Ce vaccin a pour nom Niccine® et contient 40 µg de nicotine face à un placebo qui ne contient plus rien…un effort par rapport à la publication des chercheurs suisses de l’étude publiée en 1989 avec 1 mg de nicotine dans les patchs tests contrôles (3). Le nombre de fumeurs testés est important avec 355 fumeurs mais les résultats sont clairs: le vaccin anti-nicotine est équivalent à un placebo malgré l’augmentation des anticorps anti-nicotine. Les auteurs ont utilisé en plus la varenicline entre les jours 56 et 98 de l’étude pour aider les fumeurs à s’abstenir…ce qui surprend pour une étude contre un placebo…car il y a influence des résultats avec une autre substance.

Ces résultats ne sont pas surprenants puisque la nicotine n’est pas une molécule de l’addiction similaire à la cocaïne ou à la morphine mais bien une molécule sensibilisante malgré la faible quantité dans le vaccin.

Il faut bien lire entre les lignes pour comprendre le message concernant l’allergie à la nicotine qui a en fait provoqué la cessation des projets de vaccins anti-nicotine.

« Adverse events except hypersensitivity and compensatory smoking did not differ between groups »

Les auteurs reconnaissent l’absence d’effets secondaires entre les deux groupes vaccin anti-nicotine et placebo à l’exception des réactions d’hypersensibilité ce qui signifie en clair que la nicotine est une molécule sensibilisante…ce que j’ai publié dès 1978 avec mon allergie au visage provoquée par la nicotine de la fumée passive de tabac. Mais on voit que l’attrait du profit avec la vente d’un vaccin intéresse beaucoup plus ces chercheurs que la prévention des allergies pour des millions de dermites séborrhéiques traitées depuis 1887 avec n’importe quelles substances pour faire de l’argent, notamment les crèmes corticoïdes.

La réaction secondaire d’allergie est typique à cause de la faible dose dans le vaccin avec 40 µg de nicotine car il ne faut pas beaucoup de molécules injectés pour provoquer un choc anaphylactique, une réaction similaire à celle décrite par Karrenberg en 1928 en testant une personne ayant une dermatite au visage qui travaillait dans l’industrie du tabac et suite au contact avec des feuilles de tabac: l’application d’une goutte de nicotine diluée au un millionième avait provoqué un choc anaphylactique (4).

On peut aussi comprendre facilement que la reconnaissance d’une telle allergie à la nicotine concernant une certaine partie de la population soit occultée à cause du grand nombre de procédures judiciaires qui ne manqueraient pas d’être initiées pour dédommagement…suite à l’inhalation passive de fumée de tabac.

Références:

(1) https://www.bernardsudan.net/post/CYTOS%3A-vaccin-anti-nicotine%2C-bilan-d-une-d%C3%A9cennie-sans-r%C3%A9sultats-et-mis%C3%A8re-de-la-recherche-en-biologie-mol%C3%A9culaire-et-des-biotechnologies.5

(2)  Sudan BJL, Sainte-Laudy J. Nicotine and Immunology In: Watson R.R., ed. Drugs of Abuse and Immune Function. Boca Raton: CRC Press USA, 1990: 113-123

(3) Sudan BJL: Transdermal nicotine and placebo, The Lancet, 1989, i, 334.

(4) Karrenberg CL: Zur Kasuistik der phytogenen Berufsdermatosen: Hauterkrankung durch Tabakblätter. Dermatol. Z., 1928, 52, 30.

Bernard SUDAN

Ex Chef de laboratoire en toxicologie et pharmacologie LabHead Ciba-Geigy, CIBA, Novartis, Bâle, 1975-2006 Research Nicotine as a hapten in seborrheic dermatitis, The Lancet, British Medical Journal, British Journal of Dermatology, Food and Chemical Toxicology, "Nicotine and Immunology" in Drugs of Abuse and Immune Function Ronald R. Watson ed.

https://www.researchgate.net/profile/Bernard-Sudan

https://www.dermiteseborrheique.net
https://www.bernardsudan.net/

https://www.youtube.com/channel/UCeQB3vdsKeZU-E0zORZr0vQ?view_as=subscriber

https://blogs.mediapart.fr/bernard-sudan/blog/110720/dermite-seborrheique-et-fiasco-de-la-recherche-en-dermatologie

https://blogs.mediapart.fr/bernard-sudan/blog/170818/de-1887-2020-l-effondrement-du-dogme-de-la-dermite-seborrheique