Détection de nicotine dans les thés

par | 26 Déc 2025

Nicotine dans les thés

En buvant du thé noir earlgrey chaque matin, j’ai trouvé bizarre une augmentation sous-jacente de ma dermatite faciale induite par l’haptène nicotine.

Ma dermatite était bloquée par l’application d’une crème de chlorure de magnésium à 10% depuis bientôt deux années.

Le fait de boire uniquement du café sans réactions pendant une semaine m’a particulièrement interpellé.

Aussi, j’ai retrouvé plusieurs publications détectant de la nicotine dans les thés noirs d’Asie et d’Inde. En voici une de ces publications qui mérite attention.

https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0195422

Une présence de nicotine insoupçonnée

On pense généralement que l’alcaloïde nicotine est uniquement limité au tabac. J’avais cependant décrit une réaction du bras droit et du visage au contact de prêles (Equisetum arvense L.) :

https://www.researchgate.net/publication/20224556_Seborrhoeic_dermatitis_induced_by_nicotine_of_horsetails_Equisetum_arvense_L

Des résultats variables

Ainsi, les chercheurs ont détecté la présence de nicotine endogène dans des plants de thé (Camellia sinensis L.) par chromatographie en phase liquide.

Nous avions détecté la nicotine en 1984 avec l’École Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse. Cette recherche avait pour finalité de standardiser des extraits allergéniques de tabac.

https://www.researchgate.net/publication/16463142_Determination_of_nicotine_in_allergenic_extracts_of_tobacco_leaf_by_high-performance_liquid_chromatography

De plus, ils ont couplé avec la spectrométrie de masse en tandem sur des échantillons de thé provenant de régions productrices de thé dans six pays asiatiques.

Tous les échantillons contenaient de la nicotine (0,011–0,694 μg/g de poids sec). Les teneurs en nicotine sont restées constantes lors de la fabrication des thés verts, oolongs et noirs. Ce résultat implique que la nicotine est stable face à la chaleur, au séchage, à l’oxydation enzymatique et aux dommages mécaniques pendant le traitement.

De plus, les bourgeons et graines du cultivar Yabukita contenaient également de la nicotine (0,030–0,041 μg/g de poids sec).

En comparant deux cultivars, les chercheurs ont trouvé des teneurs en nicotine plus élevées dans le cultivar de thé noir Benifuki.

Toutes les parties végétales de Yabukita hydroponique contenaient de la nicotine (0,003–0,013 μg/g de poids sec). Les cellules de thé cultivées dans un milieu B5 ainsi que les racines et les tiges des semis de thé contenaient des niveaux de nicotine similaires à ceux des nouvelles feuilles issues de plantes cultivées en plein champ.

Ces niveaux dépassent la limite maximale acceptable au Japon (0,01 μg/g de poids sec).

Conclusion

En conclusion, tous les échantillons de thé achetés ainsi que les échantillons de racines, tiges, bourgeons floraux et graines contenaient de la nicotine allant de 0,003 à 0,694 μg/g de poids sec.

De plus, les cellules de thé cultivées dans un milieu B5 sans nicotine contenaient de la nicotine à une teneur de 0,033 μg/g de poids sec. Ces résultats suggèrent que les plants de thé contiennent de la nicotine qui n’est pas dérivée de sources exogènes.

La teneur en nicotine des feuilles de thé changeait selon la saison. De plus, elle différait entre les cultivars. En outre, les chercheurs ont observé une différence dans la teneur en nicotine entre les régions de culture de plantes de thé.

Tous ces résultats suggèrent fortement que les théiers, similaires aux membres des Solanacées, contiennent de la nicotine endogène. Bien que faibles, les niveaux sont supérieurs aux limites autorisées. Malgré ces résultats, la possibilité de contamination du thé commercial par la nicotine exogène ne peut pas être complètement exclue.

Implications en dermatologie et en allergologie

On peut comprendre que ces résultats aient une implication en dermatologie et en allergologie. En effet, la nicotine est présente dans la fumée de tabac et récemment dans les solutions de cigarettes électroniques. Cette présence, depuis le 19e siècle, expliquerait l’apparition de la dermatite séborrhéique, décrite pour la première fois en 1887.

https://www.lulu.com/shop/bernard-sudan/vers-une-solution-de-la-dermite-s%C3%A9borrh%C3%A9ique/ebook/product-1z42vekn.html?page=1&pageSize=4

On peut ainsi comprendre l’augmentation du nombre de dermatites séborrhéiques avec l’omniprésence de nicotine. Donc, en résumé, nous trouvons aussi la nicotine dans les cigarettes électroniques. De plus, sa présence dans des formulations multiples peut expliquer cette augmentation : patchs, sachets de nicotine, snus, perles de nicotine, etc.

https://www.bioscmed.com/index.php/bsm/article/view/1325

Bernard Jean Louis SUDAN

Bernard Jean Louis SUDAN a été responsable d’un laboratoire de toxicologie et de pharmacologie à Bâle, en Suisse, pendant plus de trois décennies et a mené conjointement ses recherches privées sur sa propre dermatite séborrhéique familiale. Il a publié en 1978 l’étiologie possible de la dermatite séborrhéique, une allergie à l’haptène nicotine du tabac et des cigarettes électroniques confirmée maintenant. Récemment, il a publié l’efficacité d’une pommade au chlorure de magnésium à 10 % pour les dermatites séborrhéiques/atopiques !

https://www.researchgate.net/profile/Bernard-Sudan

https://www.dermiteseborrheique.net
https://www.bernardsudan.net/

https://www.youtube.com/channel/UCeQB3vdsKeZU-E0zORZr0vQ?view_as=subscriber

AIMSIB: Dermatite Séborrhéique Origine et traitement

AIMSIB: Le magnésium des sels de la mer morte en dermatologie