Les publications « dermatite séborrhéique » sur PubMed
On peut facilement observer l’historique du référencement des publications concernant la dermatite séborrhéique sur PubMed depuis 1887.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=seborrheic+dermatitis&timeline=expanded&sort=pubdate
La première publication historique de Unna
La première publication historique décrivant la dermatite séborrhéique remonte à 1887. En effet, le dermatologue allemand P.G. Unna décrivit ce syndrome dermatologique dans la revue Monatsheft für praktische Dermatologie.
Vincent Van Gogh en Provence
J’ai récemment insisté sur l’importance de la médecine observationnelle dans la revue internationale RAS Medical Science.
https://raspublishers.com/framework/uploads/articles/The_power_of_observa–31.pdf
En effet, nous pouvons observer l’émergence de la fumée de tabac dans les lieux publics. Vincent Van Gogh nous confirme cette émergence du tabac dans la société avec ses autoportraits fumant la pipe. On peut retrouver l’un de ses autoportraits avec pipe de l’automne 1886 (Van Gogh Museum, Amsterdam).
Le devin Vincent Van Gogh, fumeur sans dermatite
Alors que rien ne présageait des effets secondaires cutanés, respiratoires ou cancérogènes, Vincent Van Gogh a peint un tableau prémonitoire avec une tête de squelette fumant une cigarette : « Crâne de squelette fumant une cigarette » Vincent Van Gogh, 1885-1886, Musée Van Gogh, Amsterdam.
La seconde publication en 1903
Nous pouvons constater une augmentation croissante des publications depuis 1945 avec 4 publications. Ensuite, la publicité des années cinquante insistait sur le fait que la fumée de tabac était inoffensive. L’industrie du tabac conseillait même aux femmes enceintes de fumer ! On se souvient du mâle cow-boy invincible.
Cependant, PubMed a oublié de mentionner une publication importante de 1903 qui insistait sur la rareté de cette réaction de la peau.
Une dermatite avec choc anaphylactique en 1928
Le dermatologue C.L. Karrenberg décrivit en 1928 le cas d’une personne réagissant fortement en manipulant des feuilles de tabac. Cette personne présentait une dermatite des bras et du visage, donc à distance. Elle réagit par un choc anaphylactique après application d’une goutte de nicotine à 1/1.000.000. Il n’y avait aucune publication sur la dermatite séborrhéique en 1928 selon le site PubMed.
Découverte de l’anaphylaxie en 1901
Charles Richet et Paul Portier publièrent la découverte de l’anaphylaxie en 1902 après leur découverte de 1901. On voit ainsi l’évolution depuis 1887 avec la première publication de Unna. En effet, il ne pouvait pas observer les mastocytes tissulaires à la base des glandes sébacées et ne connaissait pas l’anaphylaxie.
https://www.oceano.org/ressources/la-decouverte-de-lanaphylaxie
Ma publication historique originale de 1978
En publiant l’observation originale de ma dermatite familiale, une allergie à l’haptène nicotine du tabac, la nicotine n’était alors pas considérée comme un haptène. On peut ainsi lire dans la « Monographie sur la pharmacologie et la toxicologie de la nicotine » (London, 1981):
« Immunologie de la nicotine : La nicotine n’est pas le composant antigénique responsable de la feuille de tabac, toutefois la possibilité que la nicotine puisse agir comme un haptène ne peut pas être exclue ».
Il y avait 46 publications référencées en 1978 sur le site PubMed. Ma première publication ne faisait pas référence à une dermatite séborrhéique mais à une dermatite atopique.
Nous voyons ensuite une forte augmentation des publications avec un pic de 160 en 2022. Ces publications n’ont jamais envisagé une possible réaction allergique à un facteur de l’environnement comme la nicotine du tabac. Elles restent limitées aux levures Malassezia ou Pityrosporum qui sont de simples saprophytes de la peau sur des zones enflammées.
L’historique de la découverte des spores Malassezia remonte à 1873 lorsque Rivolta observa les squames de sa barbe. Il découvrit ainsi les spores Malassezia. Ensuite le dermatologue Sabouraud poursuivit dans cette direction alors que l’on voyait partout des agents pathogènes. Pendant tout le vingtième siècle, cette théorie eut la vie dure. Il fallut attendre 1986 pour en finir avec cette théorie. Le succinate de lithium n’avait aucune activité contre Malassezia tout en étant efficace contre la dermatite séborrhéique !
https://www.bmj.com/content/292/6512/28.1
La leçon de l’histoire : des théories fumeuses !
Nous pouvons ainsi constater qu’il fallut un siècle pour en finir avec des théories ne reposant sur rien. Il y a notamment la théorie de la séborrhée et ensuite la théorie microbienne avec les spores de Malassez. Cependant, cette théorie a encore la vie dure puisque de nombreux papiers sont publiés depuis plusieurs années. On peut noter 182 publications en 2022. De quoi occuper beaucoup de monde avec le doigt qui montre la lune !
Ex Chef de laboratoire en toxicologie et pharmacologie LabHead Ciba-Geigy, CIBA, Novartis, Bâle, 1975-2006 Research Nicotine as a hapten in seborrheic dermatitis, The Lancet, British Medical Journal, British Journal of Dermatology, Food and Chemical Toxicology, "Nicotine and Immunology" in Drugs of Abuse and Immune Function Ronald R. Watson ed.
https://www.researchgate.net/profile/Bernard-Sudan
https://www.dermiteseborrheique.net
https://www.bernardsudan.net/
https://www.youtube.com/channel/UCeQB3vdsKeZU-E0zORZr0vQ?view_as=subscriber