Dermite séborrhéique: nicotine dans la fumée de tabac passive et aussi… dans certains légumes !

par | 28 Fév 2012

Dermite séborrhéique et tabac

Atteint d’une dermite séborrhéique à l’âge de dix-sept ans, il m’a fallu cinq années pour comprendre que la fumée de tabac passive me provoquait ma réaction au visage avec implication des mastocytes tissulaires et des basophiles sanguins.

J’avais à l’époque remarqué que la fumée passive de cigare me provoquait des réactions plus rapides et plus intenses et j’avais donc relié ma réaction à la présence de l’alcaloïde nicotine en plus grande quantité dans les cigares que dans les cigarettes…

A l’époque, des « chercheurs » vétérinaires ou biologistes fumaient la pipe ou le cigare dans les couloirs des laboratoires de l’industrie pharmaceutique à Bâle !

Ma dermatite familiale

Pour m’en convaincre, je décidais en 1975 de me tester sur l’avant-bras avec une macération de feuilles de cigares: la réaction fut alors positive dans les vingt minutes avec urticaire et érythème intense suivi d’une soi-disant « dermite séborrhéique » au visage dans les heures suivantes (réaction à distance semi-retardée).

Je pouvais donc demander à un allergologue à mon écoute un test intra-dermo avec des extraits allergéniques de tabac au 1/100.000ème suivi d’une réaction intense au visage dans les heures suivantes.

On connait la suite: détection d’anticorps IgE spécifiques anti-tabac détectés évidemment aux USA et non en France…, test de dégranulation des basophiles humains de Jacques Benveniste avec l’allergène tabac et l’haptène nicotine en 1977 deux années après le test intra-dermo… et confirmation par de multiples tests dont l’anaphylaxie cutanée passive (PCA) avec l’allergène tabac et l’haptène nicotine, confirmée par A.L. de Weck de Berne en Suisse.

J’ai donc publié mes résultats dans de nombreuses revues de médecine (1) et spécialement en dermatologie et j’ai aussi compris pourquoi certains « chercheurs » peu téméraires me laissaient tranquillement travailler et publier « seul ».

On ne peut en effet envisager que des millions d’êtres humains qui respiraient passivement la fumée de tabac dans les lieux publics comme cela était le cas dans les années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt dix puissent brusquement être protégés de la « fumée des autres ».

Les intérêts économiques étaient et sont toujours importants: vente de tabac, maladies provoquées par le tabac, consultations des médecins impliqués dans les pathologies liées au tabac (cancérologie, pneumologie et dermatologie).

Il ne faut pas oublier la vente de médicaments par les pharmaciens au bout de la chaîne de l’industrie pharmaceutique qui elle-même n’avait et n’a toujours pas intérêt à chercher réellement la cause des maladies provoquées par le tabac.

Le scandale de l’amiante

Le scandale de l’amiante est parallèle à celui de la dermite séborrhéique car en 1906, un inspecteur du travail avait déjà remarqué un plus grand nombre de cancer dans les filatures où l’on utilisait de l’amiante…et surprise pendant tout le vingtième siècle il n’y a eu aucune volonté objective à vouloir interdire l’amiante, une substance que l’on ne « voit » pas automatiquement avec les yeux !

Suite à l’innocence de certaines personnes (2) persuadées que la présence de nicotine est uniquement limitée à la fumée de tabac, je voudrais quand même préciser que les personnes atteintes de dermite séborrhéique vivant dans un environnement non-fumeur total ne peuvent éviter la fumée de tabac passive dans la rue…ainsi que la nicotine dans les légumes…une source oubliée et pourtant réelle.

En effet, des chercheurs américains…(3) étaient dubitatifs lorsque d’anciens fumeurs présentaient toujours des taux élevés de cotinine, un métabolite de la nicotine dans les urines et s’interrogeaient sur l’origine de la nicotine absorbée.

Ils n’eurent pas de difficultés à trouver l’origine de cette contamination car la nicotine est présente dans de nombreux légumes (tomates, aubergines, poivrons, pommes de terre, etc…) dont nombreux de ceux-ci font partie de la même famille que le tabac, les solanacées.

Nicotine dans la vapeur de cuisson

Ces chercheurs précisaient également que lorsque ces légumes étaient cuits, on pouvait retrouver pour moitié la nicotine dans la vapeur de la cuisson… et l’autre moitié de nicotine dans les légumes cuits.

En conclusion, il faut toujours bien observer notre environnement et bien réfléchir qu’avec nos yeux, nous ne voyons pas automatiquement … des haptènes comme la nicotine dans la vapeur de cuisson de légumes sans oublier la fumée de tabac passive des fumeurs persuadés que leur fumée ne peut absolument pas être nuisible à d’autres personnes, spécialement dans la rue…

D’autres personnes plus averties et après un test de provocation rejoignent mes conclusions déjà bien anciennes…(4).

Références

(1)  Sudan BJL, Sainte-Laudy J: Nicotine and Immunolgy: Chapter 7 in‘Drugs of Abuse andImmune Function’ (Editor: Ronald R. Watson), pages 113-123, Boca Raton, Florida, CRC Press, USA, 1990.

(2) http://dermite-seborrheique.forumactif.com/t1576-dermite-seborrheique-et-sels-de-la-mer-morte#11965

(3) Domino EF, Hornbach E, Demana T: The Nicotine Content of Common Vegetables. N Engl J Med 1993; 329: 437. http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199308053290619

(4) http://www.dermiteseborrheique.fr/accueil/291-interview-#comments

Bernard SUDAN

Ex Chef de laboratoire en toxicologie et pharmacologie LabHead Ciba-Geigy, CIBA, Novartis, Bâle, 1975-2006 Research Nicotine as a hapten in seborrheic dermatitis, The Lancet, British Medical Journal, British Journal of Dermatology, Food and Chemical Toxicology, "Nicotine and Immunology" in Drugs of Abuse and Immune Function Ronald R. Watson ed.

https://www.researchgate.net/profile/Bernard-Sudan

https://www.dermiteseborrheique.net
https://www.bernardsudan.net/

https://www.youtube.com/channel/UCeQB3vdsKeZU-E0zORZr0vQ?view_as=subscriber

https://blogs.mediapart.fr/bernard-sudan/blog/110720/dermite-seborrheique-et-fiasco-de-la-recherche-en-dermatologie

https://blogs.mediapart.fr/bernard-sudan/blog/170818/de-1887-2020-l-effondrement-du-dogme-de-la-dermite-seborrheique