En lisant l’article consacré à la dermite séborrhéique sur Wikipédia, on peut se demander comment ce syndrome dermatologique d’étiologie inconnue depuis la fin du 19ème siècle puisse mériter un tel « traitement »:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dermite_s%C3%A9borrh%C3%A9ique
Je propose donc un résumé plus condensé et plus proche de la réalité incluant des références de publication avec des résultats scientifiques bien loin des références de Wikipédia… reliant cette réaction de la peau à des « aspects psychosomatiques » . On se demande donc comment 3 à 5% de la population auraient eu brusquement des problèmes psychosomatiques depuis la fin du 19ème siècle.
De plus, la seconde référence de Wikipédia fait allusion à la prise orale de miel… contre la dermite séborrhéique montrant ainsi le désarroi des rédacteurs de Wikipédia…face à la multitude de traitements locaux et oraux qui font le bonheur des dermatologues, des pharmaciens et de l’industrie pharmaceutique.
Historique
La dermite séborrhéique a été décrite pour la première fois à la fin du 19ème siècle, précisément en 1887, par un dermatologue de Hambourg, P.G. Unna (1) à une époque où la fumée de tabac commença par envahir les lieux publics (8).
La fausse théorie de la séborrhée
L’hypothèse d’une hypersecrétion séborrhéique à l’origine de ce syndrome dermatologique fut définitivement écartée en 1983 lorsque des chercheurs anglais ne notèrent aucune différence de quantité de séborrhée entre le groupe de personnes atteintes de dermite séborrhéique et le groupe sans réaction (2).
Une autre hypothèse émise aussi dès la fin du 19ème siècle par Malassez, Sabouraud et Rivolta impliquant un agent microbien dénommé Pityrosporum, une levure saprophyte de la peau s’effondra aussi un siècle plus tard suite à des travaux montrant l’efficacité du gluconate de lithium, un sel de lithium à 8% contre la dermite séborrhéique alors que cette substance ne montrait aucune activité contre Pityrosporum (3).
Suite à l’étude d’une dermite séborrhéique familiale (4) impliquant l’haptène nicotine présent dans la fumée de tabac passive, une nouvelle hypothèse allergique permettait de mieux relier l’historique de cette maladie de la peau et le nombre croissant de personnes atteintes de ce syndrome dermatologique pendant tout le vingtième siècle et la présence de tabac dans les lieux publics.
Les cellules impliquées dans ce syndrome dermatologique, les mastocytes tissulaires et les basophiles sanguins seraient bien les responsables de la réaction observée au visage, libérant leurs médiateurs de l’allergie et de l’inflammation (histamine, PAF-acether, leucotriènes, etc.) en présence de l’haptène nicotine de la fumée de tabac. Cette réaction semi-retardée en immunologie a échappé ainsi à la multitude de chercheurs en dermatologie ne voyant que des agents microbiens sur la peau enflammées des patients.
Une récente étude mesurant un taux élevé d’histamine (5) sur la peau de personnes atteintes de dermite séborrhéique conforte les premières observations de B.J.L.Sudan (6).
Les traitements
Tous les traitements anti-séborrhéiques ne montrèrent aucune efficacité pendant tout le 20ème siècle et l’apparition des corticoïdes locaux aux effets secondaires importants de cortico-dépendance dans les années soixante ne firent que retarder l’émergence d’une solution logique contre la dermite séborrhéique.
La relative efficacité du kétoconazole, un anti-fongique cachait la réelle raison de son effet positif contre la dermite séborrhéique; en effet, les propriétés anti-leucotriènes du kétoconazole ne laissait pas de doute quant à son action anti-allergique local (7).
Les approches anti-allergiques ont permis de mieux cerner ce syndrome dermatologique (8) et la récente observation de l’efficacité de solutions salées (eau de mer) ou l’utilisation d’un pain dermatologique à base de sels de la Mer Morte permettent d’envisager une nouvelle perspective pour le traitement de la dermite séborrhéique (9).
Les mastocytes tissulaires
L’hypothèse selon laquelle les mastocytes tissulaires auraient une communication cellulaire rétablie suite à l’application de solutions salées sur le peau est certainement la plus logique permettant ainsi l’émergence d’un nouveau paradigme pour une approche plus scientifique dans l’étude de la dermite séborrhéique (10).
La conductivité des solutions salées (eau de mer ou mélange salée d’un pain dermatologique aux sels de la Mer Morte) est probablement la clé de cette réaction de la peau et permet ainsi une nouvelle orientation de la recherche.
Il n’existe actuellement aucun traitement efficace et sans effets secondaires contre la dermite séborrhéique.
Les dermo-corticoïdes sont à proscrire à cause de leur dépendance et d’un possible acné des corticoïdes.
L’efficacité du gluconate de lithium (Lithioderm) n’est pas optimale ainsi que celle du kétoconazole (Ketoderm).
La multitude de traitements locaux proposés (crèmes, lotions, onguents) ou autres n’ont pas montré d’efficacité pour le plus grand nombre de patients atteints de dermites séborrhéiques.
De nombreux témoignages viennent confirmer les premières observations de Bernard Sudan concernant l’efficacité d’un pain dermatologique à base de sels de la Mer Morte mais nécessite une utilisation quotidienne pour maintenir un milieu optimal afin d’empêcher les cellules impliquées, les mastocytes tissulaires de réagir.
D’autres syndromes dermatologiques (psoriasis, dyshidrose, dermatite atopique, acné) réagissent également favorablement à l’utilisation quotidienne d’un pain dermatologique à base de sels de la Mer Morte ce qui confirme une nouvelle voie de recherche en dermatologie (11).
Références
(1) P.G. Unna: Das seborrheische Ekzem, Monatsheft für praktische Dermatologie, 1887, 6, 827.
(2) J.L. Burton and R.J. Pye : Seborrheoa is not a feature of seborrhoeic dermatitis. British Medical Journal, 1983;286:1169-1170.
(3) Boyle J, Burton JL, Faergemann J.Use of topical lithium succinate for seborrhoeic dermatitis. Br Med Journal, 1986, 292, 28.
(4) B.J.L. Sudan : Contribution à l’étude du rôle allergénique de la fumée de tabac. Le tabac : un allergène, la nicotine : un haptène, Allergie et Immunologie, 1978, 10, 36-54.
(5) Kerr K, Schwartz JR, Filloon T, Fielo A, Wehmeyer K, Szepietowski JC, Mills KJ. Scalp Stratum Corneum Histamine Levels : Novel Sampling Method Reveals Association with Itch Resolution in Dandruff/Seborrhoeic Dermatitis Treatment. Acta Derm Venereol. 2011 Feb 21.
(6) Sudan BJL, Sterboul J: Sensibilisation tabagique. Le tabac: un allergène, la nicotine: un haptène. Diagnostic par le test de dégranulation des basophiles. Nouvelle Presse Médicale, 1979, 8, 3563
(7) J.R. Beetens, W. Loots, Y. Somers, M.C. Coene and F. de Clerck. Ketoconazole inhibits the biosynthesis of leukotrienes in vitro and in vivo. Biochemical Pharmacology, 1986, 35, 883-891.
(8) Sudan BJL, Sainte-Laudy J. Nicotine and Immunology in « Drugs of Abuse and Immune Functions », Ed. RR Watson, CRC Press, Boca Raton, USA, 1990, 113-123.
(9) Interview de Bernard Sudan: http://www.dermiteseborrheique.fr/accueil/291-interview-
Ex Chef de laboratoire en toxicologie et pharmacologie LabHead Ciba-Geigy, CIBA, Novartis, Bâle, 1975-2006 Research Nicotine as a hapten in seborrheic dermatitis, The Lancet, British Medical Journal, British Journal of Dermatology, Food and Chemical Toxicology, "Nicotine and Immunology" in Drugs of Abuse and Immune Function Ronald R. Watson ed.
https://www.researchgate.net/profile/Bernard-Sudan
https://www.dermiteseborrheique.net
https://www.bernardsudan.net/
https://www.youtube.com/channel/UCeQB3vdsKeZU-E0zORZr0vQ?view_as=subscriber