Une revue systématique de l’effet de la nicotine comme haptène cutané

Ma publication de ce 23 avril 2025 dans Bioscientia Medicina analyse une revue systématique de l’effet de la nicotine comme haptène cutané dans les dermatoses inflammatoires.

https://bioscmed.com/index.php/bsm/article/view/1325

Contexte actuel en dermatologie

Les dermatoses inflammatoires, telles que la dermatite séborrhéique (DS) et la dermatite atopique (DA) affectent une partie importante de la population.

Leur étiologie précise reste souvent controversée. La nicotine est un alcaloïde omniprésent principalement associé au tabac mais également présent dans certaines plantes et produits thérapeutiques.

Des recherches antérieures avaient déjà proposé la nicotine comme un haptène potentiel.

Cet haptène est capable de déclencher des réactions d’hypersensibilité se manifestant sous forme de maladies cutanées inflammatoires.

Cette revue systématique vise à évaluer les preuves existantes soutenant le rôle de la nicotine en tant qu’haptène cutané impliqué dans la pathophysiologie des dermatoses inflammatoires.

Méthodes d’analyse

Les bases de données PubMed, Embase et Google Scholar ont permis une recherche systématique pour les études publiées entre janvier 2014 et décembre 2024 .

Les mots-clés incluaient « nicotine, » « haptène, » « allergie, » « hypersensibilité, » « dermatite de contact, » « dermatite séborrhéique, » « dermatite atopique, » « urticaire, » et « réaction cutanée. »

Les critères d’inclusion comprenaient des recherches originales. Parmi ceux-ci figuraient des études in vivo sur les patients, des rapports de cas/séries, des études cellulaires in vitro.

Il s’agissait donc d’examiner le potentiel de la nicotine à induire des réactions cutanées immuno-médiées.

La finalité était aussi de montrer une potentielle compatibilité avec un mécanisme d’haptène de la nicotine.

L’extraction des données s’est concentrée sur plusieurs points. Parmi ceux-ci figurent la conception de l’étude, la population, la source/exposition à la nicotine, les méthodes diagnostiques (test de correction, prick-tests) et les principaux résultats liés à l’hypersensibilité.

Il s’agissait finalement d’évaluer la qualité à l’aide d’outils appropriés (lignes directrices CARE pour les rapports de cas, listes de contrôle du Joanna Briggs Institute pour les autres types d’études).

Résultats de la recherche

Après l’examen du titre/résumé et l’examen du texte intégral, six études ont satisfait aux critères d’inclusion. Il s’agit notamment d’une étude transversale par prick-tests, de deux rapports de cas détaillant les réactions aux cigarettes électroniques, d’une étude de test épicutané et de deux études in vitro portant sur les réponses des mastocytes.

D’abord, l’étude prick-test (N = 30) a rapporté des réactions positives à la nicotine chez 20 % des non-fumeurs et 7 % des fumeurs, y compris un patient atteint de dermatite séborrhéique (DS).

En second, les cas rapportés décrivent aussi des réactions eczémateuses (périorales et dermatites de la main) associées à la cigarette électronique.

Ensuite, l’étude de test épicutané a révélé des réactions positives chez un sous-ensemble d’individus exposés à des timbres de nicotine.

Finalement, des études in vitro ont démontré une dégranulation des mastocytes induite par la nicotine et la libération d’un médiateur (histamine), potentiellement inhibées par les stabilisateurs des mastocytes.

Conclusion de la recherche

Les études incluses publiées entre 2014-2024 montrent que la nicotine a le potentiel d’agir comme un haptène cutané. Cet haptène est capable de déclencher des réactions d’hypersensibilité chez les individus sensibles.

Les résultats comprennent des tests diagnostiques positifs (prick-tests/patchs), des corrélations cliniques (dermatite de la cigarette électronique) et des mécanismes biologiques plausibles impliquant l’activation des mastocytes.

Ces réactions peuvent contribuer à l’inflammation ou mimer celle de la dermatose comme la dermatite séborrhéique ou la dermatite de contact.

D’autres recherches cliniques et appronfondies sont nécessaires pour confirmer ces résultats et clarifier la prévalence et la signification clinique de l’hypersensibilité à la nicotine dans diverses conditions dermatologiques.

Bernard SUDAN

Ex Chef de laboratoire en toxicologie et pharmacologie LabHead Ciba-Geigy, CIBA, Novartis, Bâle, 1975-2006 Research Nicotine as a hapten in seborrheic dermatitis, The Lancet, British Medical Journal, British Journal of Dermatology, Food and Chemical Toxicology, "Nicotine and Immunology" in Drugs of Abuse and Immune Function Ronald R. Watson ed.

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